Les chasseurs noirs La brigade Dirlewanger par christian Ingrao
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Les chasseurs noirs
La brigade Dirlewanger
par christian Ingrao
2008
Broché
Très bon état
Perrin éditions
Paris
Avec cet « essai d’anthropologie historique » , Ingrao s’inscrit brillamment dans la lignée des historiens qui ont, ces dernières années, renouvelé le genre de la monographie d’unité militaire. Comme ses prédécesseurs, il cherche à la faveur de l’« histoire d’en bas » à tester des outils d’analyse et une grille de lecture nouvelle1. Il a choisi pour ce faire la brigade Dirlewanger, une unité exceptionnelle à bien des égards, qui s’illustra par sa cruauté dans la « lutte contre les partisans » dans les territoires occupés d’Europe de l’Est, en particulier en Biélorussie. Il s’appuie sur une minutieuse enquête dans les archives en langue allemande. Son recours aux travaux d’historiens du fait guerrier et d’anthropologues lui permet de multiplier les approches pour offrir une analyse fine. Dans la lignée de l’historiographie la plus récente, celle-ci se concentre sur les gestuelles de violence, leurs conditions d’apparition, leur symbolique, le discours qu’elles portent et la culture qu’elles révèlent. Le livre se divise en deux parties. Les trois premiers chapitres retracent l’histoire de l’unité. Les trois suivants sont consacrés à une analyse anthropologique de la violence déployée par l’unité, en faisant appel à l’anthropologie de la chasse. Car la particularité de cette unité tient au fait qu’elle a été pensée comme une unité de « braconniers », recrutés sur ordre direct de Himmler dans les prisons allemandes. Son commandant, Oskar Dirlewanger, ne semble pas lui-même avoir été chasseur avant 1940. Son itinéraire avait été celui de nombreux autres responsables nazis : vétéran de la Première Guerre mondiale, il avait poursuivi son combat dans les corps francs, puis dans le militantisme politique aux côtés des nazis, avant de retrouver la guerre en Espagne au sein de la légion Condor. Il fut chargé en mai 1940 de diriger cette unité étrange qui porta son nom, à l’origine « une bande de 80 à 200 braconniers, buveurs et pillards »